Il était une fois . . . l’Ecole

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Il était une fois . . . l’Ecole

Conte.
Michel SCHNEPP
Printemps 2023

Il était une fois une école qui vivait paisiblement au milieu du village, et qui a su évoluer au cours des années au gré des différentes nécessités.

Son aventure, qui peut mieux la raconter qu’elle-même ?  

Alors écoutons.Télécharger le conte au format PDF

 

« Je suis née aux environs des années 1880 enfantée par un vieux bâtiment devenu trop petit. Il m’a légué ses moellons en grès et quelques-unes de ses poutres dont certaines étaient moulurées. »

 

« Il faut dire que j’étais heureuse au milieu du village et que je me sentais parfaitement à l’aise entourée par l’Eglise, le Presbytère, le petit bâtiment servant de mairie et, le cas échéant, de prison, mais également par les plus grandes fermes. »

 

 

 

« Me voici, bien plus tard, lorsque le Monument aux Morts avait remplacé l’ancien bâtiment de la mairie et la prison communale que les gens du village avaient appelé d’Wohcht. »

 

« La fontaine coule toujours et la glycine s’est bien développée cachant une partie du pignon. »

 

 

 

« Chaque année, au début de l’automne, j’accueillais, dans ma salle, une nouvelle classe d’âge accompagnée, bien sûr, par les anciens. Le parfum unique, dégagé par la nouvelle couche de cirage appliquée aux tables et aux bancs, mêlé à l’odeur de l’huile des planches du sol et à celle de l’encre fraîchement préparée, instaurait une ambiance propice au travail. »

 

« A la fin de l’année scolaire, tous les élèves, parés de leurs plus beaux habits, accompagnés de leur maître, posaient fièrement sous mes fenêtres pour figer la communauté pour toujours. »

 

 

 

« Des années plus tard, j’ai été gratifiée d’une extension, coté église, pour abriter la pompe à incendie au niveau de la place et la mairie au premier étage. Ainsi, deux fois par semaine, des villageois gravissaient le grand escalier pour accéder à la maison communale. »  

 

« Plus tard, mon toit s’est encore modernisé par l’adjonction de la sirène d’alarme incendie. A partir de ce moment, chaque samedi, juste avant midi, elle se manifestait par un bref hurlement pour assurer aux habitants qu’elle était toujours fonctionnelle. »

 

 

 

« Je ne compte plus le nombre d’enfants ayant passé par ma salle de classe, ni le nombre d’enseignants ayant habité mon logement, et encore moins le nombre de réformes scolaires ayant fixé la teneur de la semaine de classe ou de l’année scolaire. »

 

« A cette époque, la classe avait lieu, le lundi, mardi, mercredi, vendredi et même le samedi, toute la journée. De plus les grandes vacances ne débutaient qu’au 14 Juillet après la traditionnelle distribution du petit pain brioché assorti d’une paire de knacks.  Mais la classe reprenait que le 1er octobre. »

« Effectivement il n’y avait pas classe le jeudi, ce qui est à l’origine de l’expression : la semaine des quatre jeudis »

 

 

 

« Mais un jour, usée par près de cent trente années de bons et loyaux services selon la formule consacrée et ayant de plus en plus de difficultés à m’adapter aux nouvelles méthodes d’enseignement, je fus rattrapée par l’heure de la retraite.»

« Tout le monde est parti dans le nouveau complexe situé à l’extérieur du village, seules les tables, les chaises et les coupes gagnées lors des différentes compétitions sportives me sont restées fidèles.»

 

« Plus de récréations.  Plus de rires, de cris des enfants jouant sur la place de l’Eglise. »

« Même le logement de fonction a été délaissé. »

 

 

 

« Plus aucune craie ne crissait sur le tableau, il restait fermé et désespérément noir. Plus aucun doigt ne se levait pour lire les mots clés affichés en hauteur, près du plafond. Même la télévision restait muette.  Tout était silencieux. »

 

« Ou presque.   Je n’entendais plus que le clapotis de l’eau de la fontaine tombant dans le bassin et le bruit des véhicules passant sur la route. »

 

 

 

« Les années passaient, les saisons se suivaient. »

« Personnellement je préférais la période avant Noël avec le sapin éclairé, surtout si la neige sublimait le tout. »  

 

« La retraite était paisible pendant plusieurs années. »

 

 

 

« Mais un jour, un monstre tout jaune, CAT, et une grosse boite de la même couleur ont envahi l’espace devant le Monument aux Morts. »

 

« J’ai eu le pressentiment que quelque chose de très important se préparait. »

 

 

 

« Le suspense n’a été que de courte durée. »

« Venant du côté de l’église pour mieux dissimuler sa présence, CAT m’a attaquée par l’arrière en démolissant tout. »

 

« Il a rongé, tour à tour, le toit, le pignon, le premier étage, l’abri de la pompe à incendie, l’escalier intérieur, ... »

 

 

 

« Même la sirène n’a pas résisté, elle qui était censée avertir tous les habitants du village de l’imminence d’un danger. »

 

« La voie était libre pour s’en prendre au reste de la toiture et de l’arracher complètement. »

 

 

 

« Dans une ultime tentative de défense, je lui ai envoyé un nuage de poussière afin de l’aveugler à la manière d’une seiche vidant sa poche d’encre dans l’espoir d’échapper à son prédateur. »

 

 

 

« Peine perdue, le monstre n’en avait que faire. Il continuait toujours à me mordre, à me ronger sans sourciller :  ma défense était bien dérisoire. ».

 

 

 

« Inexorablement il continuait à m’enlever des lambeaux de bois, de pierres. »

 

« CAT devenait de plus en plus fort, mais moi, au contraire, je me sentais de plus en plus faible. »

 

 

 

 

« Avec mes dernières forces, dans un ultime effort, je vous fais un signe . . . de volet en guise d’adieu. »

 

 

 

Imperturbable, sans se soucier des efforts déployés, les énormes mâchoires écrasaient, une à une, méthodiquement, toutes les parties restantes de l’école.

 

 

 

Son œuvre accompli, CAT a posé sur sa victime, à la manière du chasseur qui exhibe son trophée.

 

Même la neige a validé la victoire.

 

 

 

Pour finir les puissantes molaires du monstre ont « mâché » sa proie en réduisant les gravats en petits morceaux.

 

 

 

Telle fut la vie de notre école au centre du village.

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